8 excuses des hommes pour ne jamais rien réparer (et comment en finir)

Pourquoi réparer ? | Damien Ravé — Le 08 Sept 2011 - 22h57

Les anciens ont raison de dire que nous ne savons plus rien faire de nos mains. En quelques générations, les pères de famille touche-à-tout (mécano-plombier-électricien-maçon) ont disparu du paysage. Maintenant ce ne sont plus que des digital natives, bobos, geeks et autres joueurs de jeux vidéo plus à l'aise avec une manette à 18 boutons qu'avec un tournevis.

Mais quand leur Playstation ne lit plus les DVD, ou que leur compagne exige qu'ils se lèvent de leur fauteuil pour jeter un œil au frigo, à la machine-à-laver ou à la 106 qui fait un drôle de bruit, que font-ils ? Ils trouvent des excuses pour remplacer le produit usagé. Voici quelques-unes de ces excuses, et des arguments pour les contrer.

1. Pour réparer, il faut être bricoleur

C'est sûr, ressouder un circuit intégré ou changer le bloc moteur d'une tondeuse à gazon n'est pas à la portée du débutant. Mais bien souvent, la peur de la difficulté devient une excuse pour ne jamais rien faire, même le plus facile. Pourtant, il y a des choses évidentes qui suffisent à régler une panne : sur notre forum, une utilisatrice a réparé son écran plasma en... aspirant la poussière qu'il contenait ! L'étape la plus difficile, c'est de décider d'y jeter un oeil : un tournevis suffit souvent pour faire un diagnostic. Faites un petit effort. Et venez demander un coup de main si vous n'y arrivez pas seul !

1bis. Pour réparer, il faut être un homme

Cette variante de la première ne tient pas plus. Il n'y a pas de gène du tournevis sur le chromosome Y, et sauf lorsqu'il faut beaucoup de muscle, madame sera tout aussi compétente que son homme pour bidouiller. Allez !

2. Réparer, c'est sale et dangereux

Oui, nettoyer un filtre à poussière de sèche-linge qui n'a pas été ouvert depuis trois ans est un peu repoussant. Mais rien d'insurmontable. On ne fait pas de mécanique sans mettre les mains dans le cambouis. Et puis trifouiller dans un micro-ondes, même débranché, peut être dangereux car il contient des condensateurs à haute tension. Mais commencez d'abord par des objets simples et des problèmes mécaniques : changer un joint de hublot de machine à laver, nettoyer un lecteur de CD... Renseignez-vous sur notre site et sur le Web pour les risques éventuels. Vous apprendrez au fur et à mesure.

3. Je n'ai pas le temps de réparer

Nous sommes tous pressés. Du boulot en retard, des e-mails non répondus, un dîner à préparer... Pourtant, vous seriez prêt(e) à aller acheter une nouvelle imprimante ou une télévision pour remplacer celle qui vient de lâcher. Réfléchissez juste une seconde au temps qu'il faut pour acheter un nouveau produit : parcourir les comparatifs sur Internet ; évaluer les critères les plus importants et choisir un type de modèle ; vérifier votre compte en banque ; aller en magasin ; l'acheter ; revenir à la maison ; l'installer ; vous débarrasser de l'ancien modèle... Ce n'est pas le temps qui vous manque : c'est l'envie. Certaines pannes (pas toutes) peuvent se régler en 5 minutes, mais il faut quand même se motiver.

4. Ça coûte plus cher de réparer que de racheter

L'industrie nous pousse à jeter, c'est sûr. Le rythme effréné de remplacement des produits par de nouveaux modèles rend difficile de trouver des pièces détachées, et quand elles existent elles sont vendues à prix d'or par les SAV. On se retrouve parfois à devoir choisir de changer une pièce qui vaut la moitié du prix de la machine, avec l'impression de se faire rouler. Sans compter le risque qu'une autre partie de la machine retombe en panne la semaine suivante. N'empêche, vous aurez économisé la moitié du prix de la machine, ce qui n'est pas rien. Notez que les solutions les plus chères ne sont pas toujours les meilleures : un internaute proposait de réparer un joint de machine à laver avec une rustine pour vélo. D'autres fois, un point de colle suffit. Venez glaner des bidouillages pas chers sur notre site.

5. On peut se permettre de racheter

D'accord, vous avez de l'argent dont vous ne savez que faire, et vous préférez racheter un produit neuf que garder votre vieux bouzin. Après tout vous faites ce que vous voulez avec votre argent, non ? Ben justement, vos comportements d'enfant gâté occidental ont des répercussions sur le reste du monde. D'abord sur ceux (au Ghana par exemple) qui vont désosser vos machines pieds et mains nus et respirer quotidiennement des déchets toxiques pour quelques centimes d'euros. Ensuite pour l'environnement, car tout ce qui n'est pas récupérable sera brûlé ou entassé dans les décharges grandes comme des villes à l'autre bout du monde. Belle planète pour nos enfants.

6. Réparer, ce n'est pas dans l'air du temps

La mode n'est pas à la réparation, dites-vous ? Il est vrai, la notion d'obsolescence programmée commence à peine à toucher le grand public et à susciter des réactions. Mais vous avez sans doute entendu parler de développement durable, de réduction des déchets, d'émissions de CO2 ou de réchauffement climatique... Jusqu'ici la retape et le recyclage étaient un hobby d'illuminés (Freegans, décroissants), mais on commence à se dire, même chez les honnêtes gens, que l'industrie se fout un peu de nous et qu'il faudrait agir. Des sites de vente de produits d'occasion reçoivent des millions de visites et les sites de troc ou de don se multiplient. La mode de demain, c'est la réparation : prenez un peu d'avance.

7. Un produit neuf, c'est plus écolo

Votre machine à laver consomme 300 litres d'eau par cycle ? Votre voiture est un gouffre à essence ? La remplacer pour un modèle moderne ne serait pas une satisfaction égoïste mais un acte généreux pour préserver la planète. C'est peut-être un peu vrai. Mais cela ne tient que pour les produits très polluants. Pour les autres, il ne faut pas négliger trois impacts environnementaux : les déchets que produira notre ancien modèle (pollution des cours d'eau, particules nocives lors de la combustion...) ; les ressources naturelles et les rejets liés à la fabrication du nouveau modèle ; et enfin le transport de ce dernier jusqu'à chez nous. Bref remplacer un lave-linge de classe B pour un classe A n'est pas un acte durable. Le réparer, oui.

8. Acheter nous fait du bien

Enfin un argument imparable : acheter nous fait du bien. Oui, le shopping, la nouveauté, l'achat compulsif flattent les zones de la récompense dans notre cerveau et nous bercent d'un doux sentiment de bien-être. Contre ce réflexe, il y a quelques manières de résister. On peut essayer de se déshabituer en potassant les meilleures raisons de ne pas acheter. On peut réapprendre les mille et un plaisirs de la vie en dehors d'un centre commercial : cuisiner, passer du temps en famille ou entre amis, jouer de la musique, participer à une association, etc. Enfin, on peut aussi compter sur l'intense sentiment de satisfaction que ressent le bidouilleur lorsque, ayant refermé le capot de sa machine cassée, le bouton rouge s'allume à nouveau. Réparer est aussi un plaisir...

Alors, motivés pour réparer ? Commencez maintenant !

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